GR30

Posté par adminbourboule le 04/08/2014


Si la dernière étape du GR®30 n’est pas la plus longue, elle n’est pas la plus facile. L’horizontalité des lacs disparaît derrière la verticalité des crêtes du Sancy.

Je quitte sur la pointe des pieds Picherande encore endormie. Dernier jour, derniers kilomètres du GR® 30, je suis tombé du lit, pressé d’en finir même si un peu de nostalgie sourd derrière ma bonne humeur matinale. Ce cheminement quotidien, ce regard porté sur la nature verdoyante autant que sur soi, grisonnant, vont me manquer.

Jusqu’à Chareire, les cinq premiers kilomètres se passent sur du velours. J’ai mis un point d’honneur à suivre, à la virgule près, le topo-guide de la Fédération française de randonnée, fût-ce quand l’esprit plutôt que la lettre aurait dû prévaloir. Bref, bifurquant trop tôt, je me laisse entraîner sur deux bons kilomètres par un chemin forestier bien tracé. Entêtant, le bruit de la D 149 en contrebas finit par me convaincre de mon erreur.

Retour à l’intersection. Un peu plus haut, effectivement, un autre chemin s’enfonce dans le même bois de Domais. Sur un arbre, les deux traits rouge et blanc des GR® semblent me narguer. Et ça marche?! Quant au topo-guide, je le consulte avec de plus en plus de circonspection. Mon agacement s’étiole dans la montée qui ahane jusqu’à la vallée de la Fontaine salée. Le vert tendre d’une hêtraie adoucit ma peine.

Sur le flanc
J’y suis. Je tourne en rond un long moment, mais pour le plaisir des yeux, cette fois, qui finissent par se fixer sur le sentier qui serpente sur la Montagne haute. Le vent s’est levé, froid, violent. Pas le temps de souffler. Le sentier court maintenant sur le puy de Paillaret. Une bonne suée, frissonnante sous le vent incessant, et, passé le col du Couhay (1.685 m), je reste sur le flanc. Non pas que la machine soit grippée, simplement le sentier se poursuit à mi-pente sur les puys de la Perdrix et Ferrand.

Le col de la Cabane (1.770 m) annonce le début de la fin du GR®. Le sommet du Sancy (1.886 m) est en vue, la neige aussi. Des névés au milieu des jonquilles, c’est le bouquet?!


Le vent a forci, de plus en plus froid. Emmitouflées, courbées, visage rougi, tête basse, les rares silhouettes croisées ont eu la sagesse des anciens. Ou alors, à relire Alexandre Vialatte, il y a de l’atavisme dans l’air : « Quant à l’Auvergnat de race très pure la zoologie nous fait voir que, sous un gilet de laine marron, qui se boutonne et qui a quatre poches, il porte un pull-over de couleur aubergine sous lequel il a mis un chandail qui dissimile quelques menus lainages superposés sur l’épaisse chemise qui recouvre son tricot de peau. » (*)

Rétrospection
Tout ça pour dire, de fil en aiguille, que je n’aurais pas dû prendre cette dernière étape à la légère avec, pour toute pelure, une veste de survêtement très citadine. Au sommet, je dévale l’arête escarpée pour échapper au vent. Col de Courre, Salon du Capucin. La descente précipite les derniers kilomètres, bouscule mes souvenirs encore frais.

Le passage à niveau, la gare de La Bourboule. Près de 1.000 m de dénivelé positif et une trentaine de kilomètres qui font 210 à l’arrivée. Je souris à la première impression rétrospective qui me vient à l’esprit : il n’y a, sur le GR® 30, finalement que les lacs qui sont plats…

(*) Bestiaire, Arléa.

Jérôme Pilleyre


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